14 Janvier 2017
L’or blanc de l’exil
Son pays n’est plus que blessure
souvenir sanglant de son exil
Dans sa fuite elle a mis la minuscule main de l’enfant dans sa paume gauche
pour que son cœur lui donne la force de ne jamais le perdre
A droite ses doigts serrent
l’essentiel de sa misère
quelques racines de mémoires
des oripeaux de peaux dont elle doit faire le deuil
Dans ses sommeils
là-bas s’éclaire
et ses nuits peuvent aimer les étoiles d’avant
Ses jours eux se comptent avec la peur
les sueurs glacées des expulsions latentes
Elle ne tente pas d’y rêver
Elle se fait absente pour endurer les haines
arrogante quand ses peines la dévorent
silencieusement affamée pour nourrir
son sourire maquillant le secret de son jeûne
Elle ne tient qu’à un fil
entre le ciel d’orage d’une ville
et son sol manquant
Pour ne pas s’effondrer s’enfoncer
dans le marasme émouvant des regrets vains
elle avance du lointain vers l’immense
ancrée dans les enfances
qu’elle a portées
et l'errance
qu'elle emporte partout.
© Anne Rapp-Lutzernoff – Poëtudes - 2018